Alors que j’observe  la question du mensonge, et que je mesure le degré de corruption du monde et de chaque être qui le compose, je prends conscience qu’une part de moi est là, qui regarde la vie depuis l’intérieur de sa geôle. C’est une enfant, je l’approche..

4 ans, elle est assise au sol, dans une petite pièce sombre. Elle écoute le disque « l’enfant au tambour »:

Sur la route, petit tambour s’en va, il sent son coeur qui bat, au rythme de ses pas.

Oh petit enfant, où vas tu ?

Hier mon père a suivi le tambour, le tambour des soldats, alors je vais au ciel, là je veux donner pour son retour, mon tambour.

Tous les Anges ont pris leurs beaux tambours et ont dit à l’enfant « ton père est de retour ».

Et l’enfant s’éveille sur son tambour.

Elle écoute ce disque comme une litanie hypnotique.

Je m’approche. Elle me regarde et dans ses yeux je vois de l’incompréhension, de l’incrédulité et puis la conscience d’être restée endormie .

Elle se lève, je m’accroupis. Elle met sa main dans la poche pectorale de sa salopette en jean et en sort une clé.

Je lui demande de me conduire vers ce qu’ouvre cette clé.

Elle m’entraîne vers la porte de sa chambre, l’ouvre (elle n’est pas fermée à clé), m’entraîne dans la descente d’escalier, et nous sortons de la maison. Nous voici dans le jardin et l’enfant saute de joie en ouvrant grand ses bras au ciel et en respirant l’air pur.

Elle me conduit au fond du jardin, au pied du noyer. Autour de l’arbre, il y a une chaine énorme fermée par un lourd cadenas . Au pied du noyer, de la boue et de l’urine d’âne. le noyer est en train de mourir..

L’enfant est là, sur ma droite, qui me regarde en me tendant la clé.

Je la prends et j’ouvre le cadenas.

Et l’arbre se met à respirer, de tout son Être, il Exulte.

Il grandit et devient immense et puissant. Ses racines me soulèvent de terre tant elles sont fortes dans leur conquête du sol.

Et l’arbre se penche vers moi, de ses branches il m’entoure et me porte jusqu’en son coeur.

Depuis ce nouveau point de vue, je vois la terre et je pleure. Mais je vois également comme la lumière qui me traverse se répand autour de l’arbre en cercles concentriques de plus en plus vastes, au rythme de mes pulsations cardiaques.

L’enfant est là en bas qui m’attend. L’arbre s’offre à moi, me suggérant d’en redescendre, mais finalement et contre toute attente, c’est l’enfant qui me rejoint.

Elle grimpe sans hésiter et elle et moi nous installons dans notre nouvelle demeure, le coeur du noyer.